L'obscurité n'est pas la même que l'on soit dans une pièce non éclairée, qu'il fasse jour ou nuit dehors. Ou encore que vous soyez à proximité d'habitations ou en pleine nature.
Je n'ai jamais autant ressenti la froideur et l'hostilité de l'obscurité que lorsque je me suis retrouvée dans les Hauts Plateaux du Vercors, du coté du Pas de l'Aiguille, à dormir en refuge.
En montagne, on est vite encerclé par le noir. Le froid et l'obscurité s'installent quand disparaissent les derniers rayons du soleil : on passe en quelques minutes de la lumière dorée du soir à un noir d'encre.
C'était en octobre, nous avions passé la première nuit à l'étage d'une bergerie, nos sacs de couchage dans la paille.
La deuxième nuit, nous étions dans un vrai refuge.
Je me souviens que le soir, alors que nous cherchions du petit bois autour du refuge, mon frère est tombé sur un homme d'une vingtaine d'années qui s'était perdu. Il faisait parti d'un groupe qui campait à quelques centaines de mètres de là. C'est en cherchant lui aussi du bois qu'il s'était éloigné du campement et qu'il avait déambulé au hasard dans le noir, sa lampe n'ayant plus de piles.
Mon frère lui a donné d'autres piles et l'a remis sur le sentier qui menait au campement.
Le lendemain, nous sommes repartis. C'est dans la matinée que nous avons croisé un garde forestier à cheval, accompagné du jeune homme : ce dernier s'était à nouveau perdu sur le chemin du retour, et avait été contraint de passer la nuit dehors.
Je me souviendrais toujours de son regard : il avait les yeux exorbités et l'air hagard. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il avait put subir cette nuit là, seul, perdu au milieu de nul part, sans repère...
J'en ai fait des cauchemars pendant un moment !
La nuit, l'obscurité... sont-ce là des choses qui vous évoquent le froid ou peut être la chaleur, la peur ou la sécurité ?
